lundi 20 novembre 2017

Notre soutien à Georges Louis (déclaration complète à lire sur "Lundi Matin")

Déclaration sur ma situation d’inculpé du 10 octobre 2017
Texte en défense devant la 23e chambre du Tribunal correctionnel de Paris
Je suis un syndicaliste. Je milite contre toute forme de précarité et d’exclusion depuis de longues années. Pour moi adhérer à la CGT c’est lutter sans relâche y compris par la grève avec mes camarades de travail contre l’arbitraire patronal. Ces acquis obtenus, nous les défendons avec détermination en manifestant.
Délégué syndical, Trésorier du Comité d’Entreprise et Secrétaire du Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail, j’essaye à travers mes engagements d’être digne de ceux qui, par leurs combats durant de longs mois, ont permis la mise en place de ces instances du personnel. Je pense à cet instant aux millions de grévistes en 1936 et en 1968.
Mais aussi à ces syndicalistes devenus résistants dès 1940. Pourchassés, torturés, abattus, déportés, ils n’ont jamais courbé l’échine face au conformisme et à l’apathie générale. En face, un gouvernement collaborateur, une administration complice, un patronat avide de laver l’humiliation de tant de concessions faites durant l’été 36. Souvenons-nous du « plutôt Hitler que le Front Populaire ». La défaite cinglante du fascisme a signifié aussi celle de la collaboration d’intérêts bien compris entre capitalisme et totalitarisme. N’oublions pas certaines fortunes actuelles, constituées par l’accaparement de biens juifs et autres spoliations.
Les conquêtes acquises ensuite dans l’immédiat après-guerre comme la Sécurité Sociale ou le Comité d’Entreprise sont devenus insupportables pour les patrons. C’est 70 ans de trop pour le MEDEF. Allons fainéants, sans rien, sans dents, au boulot jusqu’à la mort ou au mieux jusqu’au fauteuil roulant !
Depuis le 10 octobre je suis considéré comme un violent, un terroriste, un ennemi d’une société en marche. Et pourtant l’an dernier j’ai participé à toutes les manifestations contre la loi travail et je ne fus pas une seule fois interpellé alors que je sais que les policiers sont sur le qui-vive pour procéder à des arrestations en cas de violence...
Or cette violence, d’où vient-t-elle ? Pour ma part je la vois tous les jours : dans la rue, où des pauvres dorment par terre dans l’indifférence générale, où des migrants sont pourchassés comme des poux au lieu d’être considérés comme des réfugiés bénéficiant d’un minimum respect. Violence également lorsque des salariés se suicident sur leurs lieux de travail et sont montrés pas les médias bien-pensants comme des paumés et des dépressifs et non des victimes du monde du travail.
Mais l’État estime que cette violence n’en est pas une. Ces personnes enfreignent la loi ou sont des asociaux donc l’État se dédouane de toute responsabilité comme pour l’entrepreneur licenciant sans vergogne et planquant ses profits dans des paradis fiscaux. Pour ça la loi est muette ou pire elle approuve.
Oui cette véritable violence contre une partie de la population est normale. Se battre pour préserver des acquis sociaux comme le CDI, le CE et la SECUest synonyme de licenciement dans le monde rêvé des ordonnances. Les maîtres des forges triomphent avec leur idéologie néoclassique destructrice de pays et de populations. Une grève, une révolte, les fouteurs de merde seront matés par le gaz lacrymogène et le Flash Ball. Et attention s’ils ne comprennent pas finalement, les policiers équipés de fusil d’assaut guettent. On ne sait jamais avec des terroristes potentiellement déguisés en manifestants ou en grévistes comme l’a dit Gattaz. Moi-même le lendemain de mon arrestation l’OPJ me désigne comme un terroriste : « Vous êtes pires que les terroristes car eux au moins ils revendiquent, pas vous ».
Nous, manifestants transformés en Djihadistes rouges et noir après les « Djihadistes verts ».
Étrange ironie que de me cracher à la figure ce genre d’insulte alors qu’il y a plus de 70 ans mon père Georges Louis était lui aussi désigné comme un terroriste menaçant la bonne marche de la collaboration entre capitalistes et occupants, sauvant des « étrangers » ennemis de la France et autre réfractaires à l’ordre nouveau. Le 22 mars 1944 ce terroriste est arrêté à Paris au 10 rue d’Hauteville par des policiers français, détenus à Fresnes dans une prison française, déporté comme 2 062 résistants et « étrangers » de Compiègne dans un train de la SNCF le 4 juin 1944 en direction de l’Allemagne puis de la Pologne puis de l’Autriche. Tant mieux, un terroriste en moins. La révolution nationale doit se passer d’eux, le préfet de la Gironde Papon peut poursuivre sa noble tâche criminelle avant d’être recyclé en préfet de police et en ministre. Et de poursuivre sa besogne meurtrière contre des centaines d’Algériens le 17 octobre 1961.

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