mardi 19 décembre 2017

Inspection du Travail : un travail essentiel, quand il est fait avec conscience et courage - et encore plus maintenant, alors que le pouvoir prétend en être maître pour l'entraver

Nous en avons parlé il y a peu (note antérieure) : une mobilisation a pris corps pour soutenir une Inspectrice du Travail gravement mise en cause et menacée par son employeur, le Ministère du Travail, lequel, dans cette affaire (comme dans d'autres), pense et agit comme n'importe quel employeur MEDEFisé. Notre secrétaire général, Philippe Martinez, a signé un appel, et des camarades de la CGT sont allés manifester avec d'autres contre la procédure disciplinaire engagée contre cette Inspectrice. Mais comme nous l'avons aussi dit, c'est toute l'Inspection du Travail qui a été attaquée pour être neutralisée, par le patronat MEDEF et par ses larbins. Une série de "réformes" iniques ont été adoptées et imposées, depuis la "réforme" Sapin, unanimement rejetée par toutes les organisations syndicales des fonctionnaires de ce Ministère. Ce sont les champions de la délinquance en col blanc qui ont dictées ce qu'ils exigeaient, afin qu'ils cessent d'avoir des ennuis. C'est comme si Al Capone avait exigé du gouvernement américain qu'il vire Eliot Ness, et que la police soit composée par ses amis. Il y a deux ans, un camarade, conseiller du salarié, très actif sur le terrain, auprès des salariés, sur le secteur de la Réole, a adressé un mail à Mme Coulon, inspectrice du travail, responsable de l'unité de contrôle, Sud-Est, en Gironde. Il lui a dit ceci :  "A titre personnel mais aussi en tant que Conseiller du Salarié, je n'ai aucun intérêt à me heurter avec votre administration. Je pense et je souhaite que nous pussions continuer a travailler ensemble dans la défense de tous les salariés, c'est simple et clair. Je constate simplement que depuis une année, la Direccte Aquitaine présente des défaillances au niveau de son action, qui portent préjudice aux salariés, rendant par la suite inabouti le travail réalisé sur le terrain par nos conseillers juridiques. C'est dans ce contexte que je vous demande de recevoir une délégation de l' Union Locale CGT Sud Gironde dans vos locaux afin qu'ensemble nous puissions déterminer et mieux se coordonner les fonctions des uns et des autres. Néanmoins, et dans un bon esprit, je tenais à vous rappeler, comme dit un de vos ex collègues,  que vous faites un métier fantastique, extraordinaire, un des plus intéressants, passionnants : vous avez le droit de rentrer à toute heure du jour et de la nuit dans les entreprises et de contrôler les employeurs, les entreprises. Ce sont eux qui trichent, qui dissimulent un milliard d'heures supplémentaires qu'ils volent à leurs salariés pour augmenter sans cesse leurs marges bénéficiaires. N'ayez pas peur des "cris " patronaux qui se plaignent de la crise : jamais leurs profits n'ont été aussi énormes. Jamais la France des actionnaires, jamais la France exploiteuse n'a été aussi riche. Jamais les richesses produites par les salariés n'ont été aussi mal distribuées. Jamais les salariés n'ont eu autant besoin de protection. Jamais le Code du Travail n'a été aussi nécessaire, à renforcer, et vous là, j’espère, pour le faire appliquer effectivement contre la délinquance patronale massive qui s'est accrue ces dernières années. Vous savez tous qu'un restaurant sur quatre use de travail dissimulé. Vous savez tous comment les fortunes des majors du BTP se sont édifiées sur la fausse sous-traitance, le travail dissimulé, les sans papiers délibérément surexploités. Vous savez à force de les visiter la réalité des entreprises. Vous savez ce qu'est l'extension des maladies professionnelles, des TMS et des AVC, des RPS, le harcèlement, les licenciements abusifs. Alors vous n'allez pas vous plier aux ordres des petits chefs serviles des nouvelles DIRECCTE, vous êtes titulaires, protégés par la convention de l' OIT ( la même que vous m'envoyez pour mémoire), vous avez pour "mission d'alerter les gouvernements en place sur le sort qui est fait aux salariés ", allez-y !! Vous êtes indépendants mais pas neutres, vous n’êtes pas là pour conseiller les employeurs mais pour les contrôler et les sanctionner quand ils fraudent ! Vous n’êtes pas des conseillers, vous êtes la police des patrons ! il en faut une, déterminée, sérieuse, entêtée, efficace. Vous êtes des experts contre les infractions, les trucages, les délits patronaux. Vous n’êtes pas impartiaux : ce sont les patrons qui sont assujettis au Code du Travail, pas les salariés ! Parce que les salariés sont subordonnés, ils ont droit à une protection juridique, économique et social ! Vous ne pouvez pas tolérer les discriminations anti syndicales, ni le fait que les IRP soient piétinées. Vous êtes là pour, lorsqu'ils sont foulés aux pieds, rétablir les droits, la dignité de ceux qui produisent les richesses de la France. On n'est plus au Moyen Age. On est, on veut être dans une République citoyenne ! L'ancienne présidente du MEDEF ( Mme Parisot) avait osé dire que "la liberté de penser s’arrête là où commence le Code du Travail", elle devrait être couverte de honte tout comme Mr. GATTAZ qui est son digne successeur !! Madame, le Code du Travail est essentiel, il est fait de sueur et de sang, de luttes et de larmes, il est dénigré, méconnu, fraudé, c'est un droit intime, quotidien, pour des millions de salariés. Vous êtes le bras armé de la répression pour le faire appliquer. Ne voyez pas votre mission avec distanciation mais avec passion. On a voulu vous apprendre à être technocrates, juristes froids et statisticiens soumis, fonctionnaires obséquieux. Soyez engagés, votre métier a un vrais sens, soyez fiers ! Et si vous vous heurtez à la bureaucratie servile de la DGT, dites-vous que vous avez le choix : si vous y perdez des parts de primes, sachez que vous y gagnerez des parts d'estime de vous-mêmes ! En attendant une éventuelle date disponible dans votre agenda pour qu'on puisse conjointement échanger en bonne intelligence,"   

Est-ce qu'un tel propos discrédite la CGT ? Ou avait-il raison d'être aussi clair et précis ? Nous, nous savons, qui nous sommes, pourquoi nous sommes comme nous sommes, pourquoi nous faisons ce que nous faisons. D'autres sont, hélas, confus - si ce n'est pire.

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